Le mercredi 29 mars, j’ai mené un webinaire en collaboration avec les éditions Hachette autour du thème de l’écologie (replay disponible ici).

Pourquoi parler d’écologie à l’école ?

D’abord, connaissez-vous la différence entre l’écologie, le développement durable, une démarche écocitoyenne ? Ces termes sont évidemment liés mais on peut les distinguer.

L’écologie est un terme construit autour des mots grecs oikos (maison, habitat) et logos (discours). Il est inventé par en 1866 par Ernst Haeckel, un biologiste, dans son ouvrage « Morphologie générale des organismes », pour désigner la science des relations des organismes avec le monde environnant, c’est-à-dire, dans un sens large, la science des conditions d’existence. L’écologie est donc une science qui permet d’étudier les relations entre les êtres vivants (animaux, végétaux, micro-organismes), leur environnement ainsi que leurs interactions avec les autres êtres vivants. 

D’après Mme Gro Harlem Brundtland, Première ministre norvégienne en 1987, le développement durable est un « développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». Il s’agit donc de consommer nos ressources en pleine connaissance de leurs limites et de manière raisonnée afin que les générations futures puissent en bénéficier également. Mais le développement durable ne se limite pas aux questions de consommation. En 1992, le Sommet de la Terre à Rio officialise la notion et celle des trois piliers (économie/écologie/social) : un développement économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement soutenable. Le développement durable se construit donc bien au-delà des questions de protection de l’environnement.

Le concept d’écocitoyenneté nait dans les années 70 avec une idée de citoyenneté environnementale. Le terme est construit autour des termes « écologie » et « citoyenneté ». La citoyenneté c’est le lien qui unit l’Etat et une personne, et qui permet à celle-ci de bénéficier de ses droits et d’accomplir ses devoirs civiques et politiques.  Adopter un comportement citoyen, c’est aller au-delà de ses droits et devoirs civiques : c’est devenir une personne responsable, autonome dans son individualité mais aussi la collectivité. En ajoutant la dimension écologique, la citoyenneté s’exerce aussi vis-à-vis de l’environnement et de la nature. Le citoyen a des devoirs envers la planète sur laquelle il vit et l’environnement dans lequel il évolue.

Chaque citoyen doit se comporter quotidiennement en acteur de la préservation de l’environnement, en accomplissant des éco-gestes dans la vie de tous les jours. La démarche écocitoyenne ne concerne pas seulement les particuliers : les entreprises, les collectivités, les institutions doivent se mettre en marche. Ainsi, tout le monde s’inscrit dans une démarche globale de développement durable.

Qu’en est-il dans les programmes scolaires ?

On ne retrouve pas d’occurence à l’écologie dans les programmes scolaires qui préfèrent le terme de développement durable. Il n’apparait pas dans les programmes de cycle 1, mais on retrouve une référence à la découverte de l’environnement de l’élève, pas seulement du point de l’enfant mais aussi de la nature… Le terme apparait 3 fois dans les programmes de cycle 2 et 23 fois dans ceux de cycle 3. Cela veut-il dire qu’il faut attendre le cycle 3 pour parler d’écologie à l’école ? Non ! En revanche, on va initier petit à petit les élèves pour définir véritablement des enjeux plus tard dans la scolarité. Cela correspond bien à l’idée de développer progressivement chez les élèves leur éco citoyenneté de la petite section au CM2, et au-delà évidemment.

D’ailleurs, les programmes scolaires soulignent la transversalité du sujet. On ne va pas parler de développement durable qu’en sciences ou en EMC mais aussi en histoire, en géographie, en français, en maths… et c’est cette pluridisciplinarité qui permet de créer des projets forts avec nos élèves.

Dans l’école, dans ma classe, je commence par quoi ?

Dans un premier temps, posez-vous la question : qu’est-ce que je fais déjà ? Quels sont les thèmes qui m’intéressent ? Quelles sont mes envies pour cette année ?

En cette période de l’année, vous êtes peut-être en pleine réflexion sur vos commandes de l’an prochain. C’est le moment de vous posez des questions sur votre matériel de classe.

  • Quel matériel est effectivement utilisé par vos élèves ? Qu’est-ce qui ne l’est pas ? Avez-vous un support par matière ou bien un support par élève

-> Exemple de réflexion : depuis trois ans, j’utilise dans ma classe les Fiches mémos de maths et français des éditions Magnard en guise de leçons pour la classe. Je n’ai pas assez de livrets pour en donner un pour chaque élève. Ces livrets sont donc disponibles dans la classe dès que nous en avons besoin : pour l’institutionnalisation d’une notion, pour un entrainement, pour un rafraichissement pendant un entrainement… Et à la question, comment font les élèves pour réviser leurs leçons à la maison ? Et bien, je ne donne pas de leçons à revoir à la maison. C’est mon approche personnelle, je considère que le travail fait en classe se suffit à lui-même. Un élève qui n’aurait pas compris une notion à l’école ne la comprendra pas plus à la maison, c’est mon rôle d’enseignant de reprendre avec lui en classe cette notion. Quant à ceux qui ont acquis la notion, pourquoi leur donner à revoir à la maison ?

  • Est-il préférable de choisir un fichier d’exercices ou bien un cahier ? Dois-je prévoir des photocopies ? Les fournitures des élèves doivent-elles être collectives ou individuelles ?

-> Exemple de réflexion : comme beaucoup, je ne suis pas fan de coller du papier sur du papier. J’évite donc le plus possible de faire des polycopiés quand je peux l’éviter. Quand c’est le cas, j’essaie de ne pas coller ces photocopies mais de les ranger dans un classeur ou un porte-vues. Depuis cette rentrée, je n’utilise plus de cahier du jour mais seulement des fichiers en maths et français. Les élèves ont un cahier de dictées où ils s’entrainent à l’orthographe et les fiches d’exercices qui pourraient être données “en plus” sont rangées dans une partie “travail divers” du classeur. La plus grande majorité du travail s’effectue alors sur l’ardoise, en manipulation, en ateliers… ensuite on passe sur le fichier pour vérifier l’acquisition de la notion.

  • Le matériel manipulable doit-il être systématiquement plastifié ? Y-a-t-il d’autres alternatives ?

-> Exemple de réflexion : quelles sont les raisons pour lesquelles je plastifie du matériel ? Pour le rendre durable, manipulable par les élèves. Partant de ce principe, j’ai arrêté depuis plusieurs années de plastifier les affichages dans ma classe (d’ailleurs, je n’en ai quasiment pas), les feuilles ne s’abîment ni plus ni moins d’une année sur l’autre. Pour le matériel sur lequel les élèves écrivent, j’ai trouvé des feuilles plastiques dans lesquelles je peux insérer des feuilles A4 et aisément les retirer si besoin (exemple de ce type de pochettes sur Amazon). C’est très pratique pour réaliser des exercices ponctuellement et changer régulièrement le contenu de ces pochettes, par exemple lors d’exercices ritualisés. Pour des jeux de carte à imprimer, des cartes à pince… j’utilise désormais du papier épais qui donne un aspect un peu cartonné. Le matériel est alors manipulable, il s’abîme peu et j’évite ainsi de plastifier.

  • Comment économiser sur le matériel que l’on utilise peu et investir dans du matériel durable (en arts, en sciences, ou encore en maths…) ?

-> Exemple de réflexion : pourquoi ne pas mutualiser le matériel avec vos collègues ? Par cycle, par discipline, par niveau de classe, par projets… il est tout à fait envisageable de mettre en commun du matériel qui servirait ponctuellement mais dont il est nécessaire d’investir pour travailler dans de bonnes conditions avec nos élèves. On le fait généralement en arts et en EPS mais assez peu pour d’autres matières alors que c’est tout à fait possible.

Avec mes élèves, je commence par où ?

Pour ma part, je fonctionne par étapes.

  1. Je fais le point sur les Objectifs de Développement Durable.
  2. Je fais un brainstorming sur l’ODD qui m’intéresse le plus pour dégager toutes les thématiques possibles (ou plutôt qui me viennent à l’esprit !).
  3. A partir d’un des thèmes évoqués, je fais une carte mentale pour développer le projet en disciplines. Là, je peux m’aider de projets déjà mis en place et partagés par de supers collègues en ligne, je peux rechercher dans des ouvrages récemment publiés…
  4. Je choisis ma situation de découverte : une séquence en sciences, une lecture offerte, l’intervention d’une association, une sortie (balade nature ou sortie scolaire)… et je déroule mon projet.

Au cours du webinaire, je donne l’exemple de l’ODD “Vie terrestre” dans lequel je choisis le thème “Forêts”. Je vous propose donc dans les fichiers à télécharger, la carte mentale associée à ce projet avec des pistes de travail dans plusieurs disciplines. Je vous propose aussi deux autres exemples de carte mentale sur l’alimentation et les océans pour vous aider à débuter un projet sur ce thème si cela vous intéresse.

Cartes mentales – DD

Ma préférence : la littérature de jeunesse

J’adore les albums de jeunesse et surtout, j’aime particulièrement débuter un projet avec une lecture offerte. C’est pourquoi, dans beaucoup de projets que je mène, je débute toujours par la lecture thématique d’un album (ou de plusieurs albums). Aujourd’hui, l’offre est vaste et particulièrement intéressante, notamment en ce qui concerne l’écologie. Parmi les ressources téléchargeables de l’ouvrage que j’ai publié chez Hachette, il y a notamment une liste (non exhaustive) d’albums de jeunesse par thème et par cycle (animaux, biodiversité, alimentation, le réchauffement climatique, le climat…).

Du cycle 1 au cycle 3, et même au cycle 4, laissez-vous tenter par une approche littéraire de votre projet. Les élèves sont TOUJOURS ravis d’écouter des histoires, même les plus grands !

Une approche ludique : les escape game

Vous pouvez aussi proposer à vos élèves un jeu ou un escape game pour débuter votre projet. Cela permet de savoir ce qu’ils savent déjà, car n’en doutez pas, ils savent déjà plein de choses !

Pour l’occasion, je vous propose un escape game en ligne pour CE1-CE2. L’objectif est d’aider l’ours Lucien à collecter tous ses badges de Petit Ecolo et ainsi intégrer la super troupe des P’tits Ecolos. Par équipe, en classe entière, ou même individuellement, selon le matériel à votre disposition, vous pouvez proposer ces petits jeux à vos élèves.

L’escape game ici !

Faire classe dehors : un point de départ pour plein d’activités

Peut-être que vous ne souhaitez pas vous lancer dans un énorme projet mais plutôt commencez petit à petit. Selon moi, faire classe dehors c’est une manière de se lancer en douceur dans un projet de développement durable en se reconnectant à la nature. Soit en utilisant le moment de la classe dehors pour parler de la nature et faire votre séquence de sciences ou d’EMC, soit en utilisant la nature pour faire votre séquence de maths ou de français.

Parmi les références en classe dehors, je ne peux que vous inciter à suivre le travail de Marie Petit, directrice et enseignante dans le nord de la France, qui conseille, forme, accompagne et créé des ressources à destination des enseignants (mais pas que !). Elle m’a très généreusement envoyée sa dernière création : un dossier complet de 40 séances de classe dehors du CP au CM2. 40 activités très simples à mettre en place, avec peu de matériel, en allant simplement dans sa cour de récréation pour celles et ceux qui n’ont pas accès à un coin de nature très proche. Ces activités permettent de travailler des notions de maths et français de manière ludique en extérieur, avec toujours des objectifs d’apprentissage évidemment mais surtout une meilleure connexion à l’extérieur, à l’environnement et la nature. Les élèves sont toujours friands de ces moments, et sont souvent plus apaisés à l’extérieur qu’en classe. Essayer la classe dehors, c’est l’adopter !

Et pour mener un projet pérenne… 

Evidemment, si vous souhaitez vous lancer dans la classe écolo, je vous conseille l’ouvrage que j’ai co-écrit avec Rémi Dumas, professeur des écoles dans l’Académie de Limoges. C’est un cahier pratique, avec des conseils, des astuces, dans lequel vous pourrez consigner vos idées, vos avancées… Il est à tout petit prix pour entrer dans toutes les bourses, n’hésitez pas à le glisser dans vos commandes de rentrée !

En savoir plus sur le site Hachette