J’en parlais dans l’article sur les 5 conseils pour favoriser l’autonomie des élèves, j’utilise depuis la rentrée 2019 les clés de réussite de Julia alias Maitresse de la forêt. Si vous ne connaissez pas Julia (je ne vois pas vraiment comment c’est possible mais on ne sait jamais !), passez voir son blog qui est une mine d’or pour les enseignants de cycles 2 et 3 (elle a des classes triple et parfois quadruple niveaux : CE1-CE2-CM1-CM2).

L’année d’avant, j’avais mis en place les ceintures de Charivari mais je me suis tournée vers le fonctionnement de Julia que j’ai ensuite adapté à ma sauce.

Le principe

Sur son blog, Julia explique très bien comment lui est venue l’idée de ces clés, comment elle les a mises en place dans sa classe et comment les utiliser. Son travail est titanesque ! Des entrainements aux passages des clés en passant par le système de suivi, tout est très complet et clé en main (haha petit jeu de mot !).

Les élèves s’entraînent sur des compétences spécifiques : à la clé blanche de grammaire, ils vont travailler le verbe dans la phrase et l’infinitif du verbe. Puis quand ce sera acquis, ils pourront passer leur test. Une fois cette compétence validée, on passe à la suivante en suivant une progression. Ici, la progression est visualisée par l’élève grâce aux couleurs. Comme avec les ceintures de Charivari, on reprend le principe des arts martiaux : on commence avec la ceinture blanche et on monte jusqu’à la noire (et même au-delà !). Bref, tout est pensé pour aller au rythme des apprentissages des élèves et non plus pour répondre aux exigences d’évaluation de fin de séquence.

Comment j’ai fonctionné

La première année, j’ai passé beaucoup de temps à tout télécharger, imprimer, découper et plastifier en suivant exactement le même fonctionnement que Julia. Les élèves s’entraînaient à partir des fichiers d’entraînement puis quand ils avaient bien réussi, ils passaient le test. Ils avaient des créneaux spécifiques pour les travailler ou bien le faisaient en autonomie. Je devais en pousser certains qui n’avaient pas toujours le temps ou l’envie de s’évaluer mais pour la majorité, ça a bien roulé.

Comme Julia, j’ai utilisé un tableau pour gérer le suivi (Julia sur une planche à gauche sur les images ci-dessous, moi sur un pan de mon tableau vert au fond de la classe, à droite). A chaque fois qu’un élève obtenait une clé, il venait l’afficher sur le tableau. Un bon moyen pour eux et pour moi de savoir où est ce qu’ils en étaient au fur et à mesure et de pouvoir aider ceux qui n’avançaient pas.

Au début, les élèves s’entraînaient à l’ardoise puis sur un cahier dédié. Mais je n’ai pas été convaincue et je crois que les élèves non plus. Et surtout, le confinement est passé par là, notre fonctionnement aussi.

Comment je me suis adaptée

Finalement, j’ai complètement adapté l’utilisation des clés avec mon organisation. Par exemple, j’ai totalement abandonné les fichiers d’entraînements. De la même manière, les élèves n’ont plus un accès libre aux passages de clé.

Depuis la rentrée, nous travaillons donc de manière tout à fait classique. Puis, quand j’estime que nous nous sommes assez entraînés avec nos outils (exercices papier, sur ardoise, manipulation…), je leur propose de passer une clé. Soit sur un temps collectif, soit sur leur temps d’autonomie.
Tout dépend du degré d’autonomie des élèves et surtout de l’organisation de chacun finalement. Depuis trois ans, j’ai eu des élèves complètement différents avec une approche différente du travail. Cette année, je sens les élèves beaucoup plus motivés que l’an dernier à passer les clés (plus celles de maths que de français d’ailleurs mais ça… je crois que c’est assez répandu quelque soit l’évaluation !).
Au fur et à mesure de l’année, les élèves seront plus libres de passer les clés quand ils se sentiront prêts et de les choisir.

La motivation des élèves

Avec ce système, les élèves sont extrêmement motivés. Ils se sentent positivement challengés et aiment savoir s’ils ont enfin obtenu leur clé ou non. Et contrairement à ce que l’on peut penser, ils prennent ces auto-évaluations au sérieux. Ils savent qu’ils vont acquérir des compétences, ce que je retranscris d’ailleurs dans leur livret de réussites.

Si les élèves gagnent en autonomie, ils gagnent aussi en sérénité ! Ils savent qu’une clé non validée n’est pas un échec car ils peuvent la repasser plus tard, une fois qu’ils auront bien relu leur leçon, demander des explications ou un tutorat. Car c’est aussi une des choses à mettre en place en parallèle : un élève qui a obtenu un bon niveau avec plusieurs clés d’avance peut aider ses camarades, il devient alors un expert. Par exemple, un élève ayant obtenu la clé verte en grammaire pourra aider un élève passant la clé jaune en lui réexpliquant les consignes ou en l’aidant à relire sa leçon. Ils adorent travailler à deux et surtout, on sait tous que parfois, on a beau expliquer mille fois une consigne, il suffit qu’un élève explique dans une langue que nous ne connaissons pas pour que d’un coup celui qui n’avait pas compris à l’origine sache enfin quoi faire.

J’ai oublié de prendre une photo l’an passé de mon tableau donc voici un léger aperçu en cours d’année, avant le confinement !

Le matériel et la correction

L’an passé, les élèves se servaient dans un grand classeur où ils retrouvaient tous les passages de clé. Ils faisaient leur test puis je les corrigeais. Je leur rendais ensuite et ils les rangeaient dans un porte-vues d’évaluations. Quand ils n’avaient pas validé une clé, ils la rangeaient mais pouvaient ensuite la jeter quand elles étaient obtenues pour ne conserver que les réussites. Mais cela engendrait un fort gâchis de papier à mon goût.

J’imprime désormais les clés en format A5 = gain de papier et de place. Les élèves collent ensuite dans leur cahier du jour puisque c’est là que je les évalue au quotidien. Je n’utilise plus les fichiers d’entraînement donc je n’ai plus besoin que les élèves aient un outil supplémentaire comme un cahier d’entraînement. En revanche, les fiches sont imprimées et plastifiées, si quelqu’un est intéressé, je veux bien les envoyer en échange des frais de port ! Cela leur permettra d’avoir une seconde vie ailleurs :) Il y en a 6 pour chaque matière en CE2 et une dizaine pour les CM1 ce qui permet de faire un bon roulement !

Les exercices d’entrainement, crédit photo : Maitresse de la foret

Pour la correction, l’an passé, ma Service Civique s’occupait de “pré-corriger” les tests : elle corrigeait les erreurs et me laissait ensuite le soin de dire si l’élève avait validé ou non. Cette année, je vais beaucoup plus vite car je les connais déjà et cela fait partie de mes corrections dans le cahier du jour, je ne m’ajoute pas tant de travail du coup sans les exercices d’entraînement !
Je ne saurai pas dire si je gagne du temps par rapport à des évaluations classiques en terme de correction. Mais par contre, j’ai gagné un temps précieux en préparation ! Vous pouvez vous lancer les yeux fermés !

La suite

Avec ce fonctionnement, j’ai moi-même créé des clés pour compléter mon trousseau d’évaluations. Je me suis donc inspirée de la trame de Maitresse de la forêt pour avoir quelque chose d’homogène. Je vous propose donc, et avec l’accord de Julia, mes contributions : des clés des tables de multiplication (blanche à noire) et des clés de compréhension de lecture (blanche à noire).