Le 29 août, j’ai participé à la session de formation d’Isabelle Godefroy sur le thème “Bien écrire à l’école primaire – cycles 2 et 3”. Isabelle Godefroy est graphopédagogue : son métier est d’aider enfants et adultes à remédier à leurs difficultés en écriture. Ancienne professeur des écoles, elle connaît donc les enjeux de l’écriture à l’école et comment accompagner les élèves dans les classes. Elle propose des sessions de formation de 6h très régulièrement mais aussi une formation complète de graphopédagogie avec l’association 5E.
La formation
La formation que j’ai suivie a duré 6h, elle a commencé à 13h et s’est terminée vers 19h. Elle s’est composée de 5 parties :
- Pour bien écrire
- La formation des lettres
- Les grands principes de l’écriture
- La consolidation du CE1 au CM2
- La remédiation/la rééducation
C’est une formation express mais très complète et Isabelle est une pédagogue hors pair qui sait rendre 6h de formation à distance dynamiques et intéressantes.
Evidemment, je ne vais pas détailler la formation car son contenu appartient à Isabelle Godefroy mais aussi parce que je ne suis pas une professionnelle de la question. Je n’aimerais pas dire des bêtises ou vous induire en erreur. Toutefois, j’aimerais partager plusieurs points qui me paraissent essentiels pour accompagner nos élèves en difficulté en classe.
Les grands principes de l’apprentissage de l’écriture
Ma formation professionnelle sur l’apprentissage de l’écriture est plutôt inexistante. Je n’ai jamais eu de CP et, heureusement, car je n’aurais pas su comment faire ! Alors je me dis que je me serais forcément renseignée avant ma rentrée en CP mais quand même… Et puis surtout, je trouve que l’Education Nationale met le paquet sur l’écriture en CP mais finalement peu avant en Grande Section et puis plus du tout en cycle 3. Pourtant, on écrit dès la PS et on continue toute notre vie.
Je ne me suis jamais posée la question de la formation des lettres, jusqu’à ce que ma fille me partage son envie d’écrire. Ne voulant pas lui apprendre de mauvaises habitudes, je me suis penchée sur la question et… mamamia ! Que c’est complexe !
La connaissance de la formation des lettres est fondamentale dans notre métier, que l’on soit enseignant en PS ou en CM2. Elle est d’autant plus importante qu’elle permet vraiment de comprendre notre langue, notre écriture et notre histoire. Evidemment, le travail de Danièle Dumont est une référence en la matière. Sa thèse est d’ailleurs disponible en ligne, elle est éclairante sur le sujet et c’est sur ces travaux que reposent beaucoup la graphopédagogie.
Alors quels sont les grands principes de l’écriture ?
Avant toute chose, l’écriture est un code. Chaque lettre produit un son et associé à d’autres, elle forme un mot qui a du sens. L’écriture ce n’est donc pas un dessin ou une reproduction. Elle a du sens. Il est essentiel que les enfants apprennent à faire le geste et non à reproduire un modèle ou une trajectoire (comme on le voit dans certains manuels !). L’écriture est toujours en lien avec la lecture. C’est d’ailleurs pour cela qu’il est fortement recommandé de faire parler les élèves quand ils écrivent : si je trace la lettre l je vais prononcer le son pendant que je trace.
L’écriture cursive, propre à notre histoire française, repose sur des gestes qui permettent ensuite de tracer un certain nombre de lettres : les boucles, les pointes, les ronds, les ponts. L’ordre d’apprentissage des lettres est essentiel (et propre à l’écriture, il faut donc se détacher de la progression de la lecture !) et est en lien avec la motricité de l’enfant mais également la logique des formes des lettres.
Quand on écrit, on ne doit pas lever son crayon sauf pour revenir au point d’accroche de certaines lettres : c, a, d, o, q, g, x et s. Le reste des lettres doivent être écrites d’une traite : les points, les barres et les accents étant placés à la toute fin. Ne pas lever mon stylo pour écrire les lettres pour gagner en rapidité.
Aussi, notre système d’écriture repose également sur un lignage. Les lettres sont formées dans des interlignes que l’on doit respecter. Pour cela, il faut que les élèves donnent du sens à ce lignage. Pour débuter l’écriture, le lignage Gurvan est très pratique car lisible pour tous, surtout pour les élèves qui ont du mal à se repérer dans un lignage seyes.
Certains enchaînements de lettres sont difficiles (bre, wre, or…), c’est pourquoi il faut faire descendre le lien des b, v, o et w. Isabelle Godefroy a une expression très parlante : “Les interlignes, c’est comme à la piscine, pour le 1er interligne, je reste à la surface mais je ne coule pas”.
Enfin, il ne faut pas oublier que chaque enfant a son expérience propre et son rythme. Il faut donc les aider à développer leur motricité avec des exercices de mobilité des doigts et de tonus musculaire, TOUS LES JOURS, surtout en maternelle et au début du cycle 2. Certains réflexes archaïques peuvent être encore présents chez certains et bloquer leur apprentissage, il est nécessaire de travailler avec ces élèves par des exercices simples pour les effacer.
Accompagner les élèves en difficulté
La plupart des difficultés des élèves peuvent être corrigées en revoyant les principes de base : la posture, la tenue du crayon, la formation des lettres, le lien avec la lecture pour donner du sens. En retravaillant sur ces principes, on peut aider les élèves qui appuient trop sur leur stylo, qui ont une mauvaise posture ou une mauvaise tenue du stylo, qui n’ont pas une bonne tenue de la ligne…
Il peut aussi être intéressant d’adapter le lignage des élèves et d’utiliser des cahiers Gurvan, notamment quand les élèves ont de grosses difficultés à se repérer dans un cahier, quand ils ne respectent pas les lignages…
Au-delà du CP, les activités de copie doivent aussi avoir du sens : en cela, le manuel Scriptum chez Retz est très intéressant car il permet de travailler les stratégies de copie (comment copier bien et vite). Il existe différents types de copie pour différentes compétences : la copie pour améliorer l’orthographe (la phrase qui varie, la copie “stop”…), pour développer l’empan visuel (la copie coloriée), pour mémoriser l’information (la copie marchée, la copie verso, la “running dictation”…), pour améliorer la compréhension (la copie sélective, la copie-dessine ou copie-enquête-dessine…), pour améliorer la vitesse (la copie-minute, la copie colonne avec cache…). Ces différents types de copie doivent être travaillées tout au long de la scolarité des élèves pour les accompagner dans leur apprentissage de l’écriture et leur montrer qu’il n’y a pas qu’une seule sorte de copie.
La copie permet aussi de travailler sur la vitesse de l’écriture pour les élèves lents (la taille des textes est toutefois à adapter, ça ne sert à rien de copier des textes de 20 lignes).
Toutefois, lorsque l’écriture est illisible ou que l’élève rechigne à écrire, alors il faut demander aux familles de consulter l’avis d’un professionnel : le graphopédagogue.
La rééducation
Le graphopédagogue fait de la rééducation : il n’y a pas de bilan, pas de diagnostic, que de l’accompagnement. Comment se déroule une rééducation ?
Généralement, il est préconisé 1 séance par mois où le graphopédagogue travaille avec l’enfant, l’adolescent ou l’adulte qui doit ensuite faire des exercices quotidien à la maison (10-15min par jour). Les parents peuvent assister à la séance. Les résultats sont rapides : il faut entre 4 et 10 séances pour qu’un enfant passe d’une écriture difficile et faisant souffrir à une écriture fluide. Un graphopédagogue considère que la rééducation est terminée quand le travail est transposé à l’école.
J’ai résumé très sommairement la formation de 6h mais cela peut déjà répondre aux premières interrogations que l’on peut avoir sur le sujet. Je recommande vraiment la formation d’Isabelle Godefroy et vous invite à aller sur son site Ecriture mode d’emploi dans lequel on retrouve un glossaire assez complet sur la question de l’écriture.
Pour aller plus loin…
L’ouvrage “Bien écrire et aimer écrire” de Laurence Pierson aux éditions MDI permet d’avoir un aperçu également sur la question et revient sur les points essentiels de l’apprentissage de l’écriture. Il est bien écrit et très facile à lire. 192 pages, 22 euros
Je n’ai pas lu l’ouvrage “Bien écrire à l’école maternelle” de Laurence Pierson et Isabelle Godefroy, qui m’a l’air beaucoup plus complet avec de nombreux exemples d’activités à mettre en place à l’école maternelle pour aider les élèves à entrer dans l’écriture. Il contient 112 fiches pédagogiques de la TPS à la GS. 293 pages, 55 euros
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