En tant qu’enseignante, mon approche pédagogique a évolué de manière significative après avoir découvert les droits de l’enfant. Cette transformation s’est ancrée grâce à mes lectures et recherches, notamment à travers les travaux de Jesper Juul et Marion Cuerq, qui mettent en avant l’enfant comme un être porteur de droits, compétent, et nécessitant un accompagnement attentif pour son épanouissement. Inspirée par ces découvertes, j’ai appliqué ces connaissances dans ma pratique professionnelle et ai rédigé un livre numérique intitulé La posture de l’enseignant, disponible gratuitement sur la plateforme Ma Pote Hermione, où je partage une vision renouvelée de l’élève, aussi bien théorique que pratique.

Une nouvelle vision de l’élève

De retour en classe après mon congé parental l’année dernière, j’ai décidé d’abandonner le système traditionnel de gestion du comportement basé sur les punitions. À la place, j’ai instauré des moments d’échange pour résoudre les conflits et enseigner la communication empathique. Cette première année a été une phase d’expérimentation, mais elle m’a permis de me préparer à aller encore plus loin dans cette démarche.

Les droits de l’Enfant et de l’Élève au cœur de la rentrée

À partir de la prochaine rentrée, j’intégrerai de manière systématique les droits de l’enfant, et plus particulièrement les droits de l’élève, dans mon enseignement. Plutôt que de suivre les règles de vie de classe traditionnelles, souvent perçues comme une liste d’interdictions et d’obligations, je proposerai une approche basée sur les droits fondamentaux des élèves, inspirée par la Convention des droits de l’enfant.

La Charte des Droits de l’Élève

J’ai formulé huit droits de l’élève, construits à partir des principes de la Convention des droits de l’enfant de 1989. Ces droits serviront de base à la création d’une charte que les élèves découvriront, expliciteront et s’engageront à respecter. Voici quelques exemples de ces droits :

Toute une séquence d’enseignement, composée de 4 séances pouvant être réalisées du CP au CM2 (et même au-delà !) est disponible en téléchargement gratuit sur la plateforme Ma Pote Hermione. 

Un accompagnement quotidien

Pour garantir le respect de cette charte, un accompagnement quotidien de l’enseignant est essentiel. Durant nos temps d’échanges en classe, prévus dans l’emploi du temps, nous discuterons des lignes de conduite, des techniques de communication, et des stratégies de résolution des conflits. Les élèves apprendront également à formuler des excuses, car cela aussi est un apprentissage fondamental. Ces moments seront l’occasion pour eux de proposer des améliorations pour leur vie à l’école.

Une ligne de conduite, c’est quoi ?

Cette notion, issue de la Discipline positive, est particulièrement intéressante. Je l’ai mise cette année en place et elle a bouleversé mon climat de classe.
Les lignes de conduite sont une liste de comportements explicites attendus par l’enseignant dans un cadre précis. Ces lignes sont répétées, explicitées, rappelées, chaque fois que la situation l’exige. A chaque situation d’apprentissage, il y a des lignes de conduite différentes.

Par exemple, lors de nos temps d’ateliers, nous avons collectivement convenus de 5 lignes de conduite à tenir pour que tout le monde puisse travailler dans de bonnes conditions. Ces cinq lignes de conduite étaient :
1) Je chuchote
2) Je me déplace dans le calme
3) Je demande de l’aide à un camarade
4) Je respecte les personnes et le matériel
5) Quand j’ai fini mon atelier, je m’occupe dans le calme

Quotidiennement et à chaque fois que nous travaillions en ateliers, nous répétions ces lignes de conduite qui étaient également écrites au tableau. Lorsqu’il y avait trop de bruits ou qu’un élève parlait à voix haute, je rappelais (individuellement ou collectivement) la ligne de conduite qu’il fallait améliorer et je voyais immédiatement les effets. Les élèves pouvaient également aller se voir les uns les autres pour demander de respecter telle ligne de conduite.
Lorsque nous faisions une sortie ou une activité qui favorisait l’excitation des élèves, nous procédions de la même manière : je demandais aux élèves quels comportements allaient permettre de réaliser nos activités, notre sortie, dans les meilleures conditions pour que tout le monde puisse passer un bon moment.

Le pouvoir du mimétisme

Il est crucial de comprendre qu’aucune solution miracle n’existe : la signature d’une charte ne garantit pas son respect. Les enfants ont besoin de répétitions et d’un accompagnement constant pour apprendre et intégrer ces valeurs. De plus, le pouvoir du mimétisme est puissant : les enseignants eux-mêmes doivent se conformer à la charte, car personne ne doit être au-dessus des droits.

Cela n’a pas de sens de demander à un élève de ne pas crier si nous-même, en tant qu’enseignant, nous passons notre temps à élever la voix. Je vous accorde que ce n’est pas toujours évident et que moi-même je perds patience. Mais là encore, ne sous estimons pas notre capacité à nous excuser, à expliquer pourquoi nous avons agi ainsi et à essayer de trouver des solutions collectivement si une situation similaire pouvait se reproduire. De cette manière, nous montrons aux élèves qu’il est possible de faire des erreurs mais surtout, que nous pouvons chercher des solutions pour ne pas les reproduire. Nous montrons comment gérer nos émotions et de cette manière, les élèves apprennent à faire autrement.

Cette approche représente une véritable révolution dans ma manière d’enseigner. En adoptant une vision centrée sur les droits de l’élève, je suis convaincue que nous pouvons transformer positivement la dynamique de la classe et contribuer à l’épanouissement global de chaque enfant.